[The investigating commissioner judged the machines would be too close to homes, would devalue the real estate assets of local residents, and above all would degrade the landscape, which already suffers from a “visual saturation”, and be incompatible with the preservation of UNESCO classified sites.]
Que l’on soit pour ou contre, le sujet des éoliennes ne laisse personne indifférent. Autour de Provins (Seine-et-Marne), on peut même dire qu’il n’enchante pas les foules.
Un projet limitrophe avec la Marne
Alors que la Marne, département limitrophe de la Seine-et-Marne, comptait déjà 454 éoliennes en service en novembre 2022, avec une prévision de 1 001 dans les prochains mois, de nombreux projets d’implantation sont en cours, voire en development, parfois tout près de la cité médiévale.
C’est le cas du projet de parc éolien des Champeaux, étendu sur les communes de Nesle-la-Reposte et des Essarts-le-Vicomte (Marne), qui devrait comporter six éoliennes d’une hauteur de 184 mètres en bout de pales.
« Cette configuration suggest un paysage ouvert particulier où les éléments de floor et les éléments de verticalité sont répartis de manière homogène pour créer un territoire visuellement unitaire », détaillait le projet, rédigé en février 2020 et accessible sur le website de la Préfecture de la Marne.
Ce projet a été soumis à une enquête publique, menée entre le 6 juin et le 11 juillet 2023, dont l’avis a été rendu le 2 août dernier.
Le commissaire enquêteur, Alain Jaquinet, a exprimé un avis défavorable sur ce sujet, jugeant une érection des engins trop rapprochée des habitations, mais aussi une dévalorisation du patrimoine immobilier des riverains, et surtout une dégradation du paysage, qui souffre déjà d’une « saturation visuelle » ainsi qu’une incompatibilité avec la préservation des websites classés à l’Unesco.
Cet avis était d’ailleurs partagé par les intercommunalités Sézanne Sud-Ouest Marnais (Marne) et du Bassée-Montois et du Provinois, représentant un whole d’environ 86 000 habitants, qui se sont prononcées contre le projet.
Classée à l’Unesco, Provins ne veut pas d’éoliennes trop près de ses monuments
Depuis plusieurs années maintenant, la Ville de Provins a mis en place une Avap, c’est-à-dire une aire de mise en valeur de l’structure et du patrimoine autour de Provins, dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de la commune.
Celle-ci, revue en 2016, s’étend sur les départements limitrophes, entre, au sud, Villenauxe-la-Grande, dans l’Aube, et, au nord, Esternay, dans la Marne, afin d’éviter de percevoir des éoliennes depuis la cité médiévale, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
La mairie a d’ailleurs appris ces projets grâce aux alertes de plusieurs personnes, dont les membres du collectif Environnement champenois en péril, le parc devant voir le jour dans un autre département, mais aussi dans une autre région.
Le conseil municipal de Provins, mais aussi la Smep notamment, avaient délibéré pour exprimer leurs vives inquiétudes. —Olivier Lavenka, maire de Provins
Celui-ci juge l’avis rendu par le commissaire enquêteur clairement défavorable. « Ce n’est que mon avis, mais il faudra revoir la copie », poursuit-il, soulignant que la décision finale n’appartient qu’au préfet marnais.
Néanmoins, l’édile promet d’être vigilant sur l’avancée du file, l’élévation d’éoliennes n’étant pas suitable avec la conservation des paysages de la plaine provinoise.
Il faut dire que depuis l’adoption de l’Avap, les éoliennes ont bien évolué. « Avant, les éoliennes mesuraient en moyenne 120 mètres. Aujourd’hui, elles peuvent atteindre 230 mètres, plus que la Tour Montparnasse : leur impression visuel est décuplé », souligne Stéphane Dubois, vice-secrétaire du collectif Environnement champenois en péril, qui a alerté élus et habitants sur la proximité de ce projet.
Dans le même secteur, un autre projet, non loin de Provins, a reçu un avis positif, à Saint-Bon, toujours dans la Marne. Le 14 novembre 2022, il demandait tout de même la « mise en place d’un programme de bridage permettant de protéger l’avifaune et les chiroptères », mais aussi de haies diversifiées permettant de favoriser la biodiversité.
« Il y aurait alors trois éoliennes de plus, sur les six déjà existantes. Pour celui-ci, il est toujours attainable de demander un recours », précise Xavier Letchimy, porte-parole du même collectif.
« Les éoliennes ont un impression sur les oiseaux migrateurs et la qualité de notre sommeil »
Si le grand public, notamment urbain, retient des éoliennes une picture plutôt verte, plusieurs features posent problème aux membres du collectif.
On relève un impression sur les oiseaux migrateurs. Certains sont découpés par les pales des éoliennes, d’autres sont perturbés par le bruit, ou sont même tués par l’effet de souffle produit par le mouvement des pales : il peut y avoir un éclatement des poumons, voire des barotraumatismes*. —Stéphane Dubois, collectif Environnement champenois en péril
Il reste toutefois difficile de quantifier avec précision l’impression que ces machines peuvent avoir sur la biodiversité, particulièrement, automotive les spécimens blessés ou tués chutent au sol et peuvent être mangés par des charognards.
De même, d’un level de vue sanitaire, ces aménagements peuvent impacter considérablement l’environnement, si l’on en croit les membres du collectif.
On relève des effets sur le sommeil, dus entre autres aux infrasons, qui ne sont pas pris en compte par l’Afnor. —Stéphane Dubois, collectif Environnement champenois en péril
Pis, avec le temps, leurs pales s’érodent et des microparticules de plastique et de diverses fibres retombent au sol, et dans les champs, pouvant contaminer les productions. Affaire à suivre.
*Un barotraumatisme est une lésion des tissus provoquée par une variation de pression dans le corps.